
Le service de biostatistique-bio informatique des HCL est associé au réseau français des registres des cancers (Francim), à l’Institut national du cancer et à Santé publique France dans le cadre d’un programme de travail dont la mission est la surveillance épidémiologique des cancers.
Incidence et mortalité à l’échelle régionale et départementale
En janvier 2019, ont été publiées des estimations rendant compte de l’incidence et de la mortalité pour 24 cancers en France à l’échelle régionale et départementale (période allant de 2007 à 2016). Pour la première fois, un rapport avec un contexte national et des commentaires spécifiques à la région a été publié, et ceci pour 16 régions dont la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Faits marquants pour la région Auvergne-Rhône-Alpes
En région Auvergne-Rhône-Alpes, 42 400 nouveaux cas de cancer sont estimés chaque année, dont 55% chez l’homme. En tête de liste des cancers les plus fréquents, responsables chaque année d’un peu plus de la moitié des nouveaux cas, les cancers de la prostate, du poumon et du côlon-rectum chez l’homme, et ceux du sein, du côlon-rectum et du poumon chez la femme.
Le rapport indique 17 600 décès estimés par cancer par an, dont 58% chez l’homme. En comparaison de la moyenne nationale, la situation régionale est jugée favorable aussi bien chez l’homme que chez la femme avec une sous-mortalité de 4%. Chez les hommes, cette sous-mortalité est présente dans tous les départements par rapport à la France métropolitaine.
Des disparités selon les localisations cancéreuses et départementales
Les niveaux d’incidence et de mortalité sont parmi les plus bas de France métropolitaine pour des cancers qui partagent le tabac et/ou l’alcool comme facteur de risque, soit les cancers du poumon, de l’œsophage, du larynx et de la lèvre-bouche-pharynx.
Les niveaux d’incidence et de mortalité élevés pour le cancer du pancréas ont été constatés. Le niveau d’incidence du cancer de la thyroïde est élevé mais sa mortalité comparable à la moyenne nationale. Les niveaux d’incidence et de mortalité par cancer de l’ovaire sont relativement élevés. Un niveau d’incidence bas en revanche pour le cancer du col de l’utérus.
Les disparités entre les départements sont relativement importantes pour certaines localisations et différentes en termes d’incidence et de mortalité. On a relevé un gradient est-ouest croissant de mortalité chez les hommes dessinant une situation globalement un peu plus favorable dans l’ex région Rhône-Alpes que dans l’ex région Auvergne. Les départements de l’Ain, de la Drôme, de l’Isère, du Rhône, de la Savoie et de la Haute-Savoie présentent une sous-mortalité « tous cancers » pour les deux sexes auxquels s’ajoute le département du Puy-de-Dôme pour les femmes seulement. À l’inverse, l’Allier pour les deux sexes et le Cantal pour les hommes présentent une sur-mortalité « tous cancers ».
Les disparités départementales sont particulièrement marquées pour le cancer de la prostate, de la thyroïde, du poumon, de la lèvre-bouche-pharynx, du foie, de l’œsophage et du larynx. Ces disparités s’expriment soit en termes d’incidence, soit en termes de mortalité, soit pour les deux indicateurs simultanément, mais davantage chez l’homme que chez la femme.
Les résultats détaillés en ligne : http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Cancers/Donnees-par-territoire
Incidence et mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018
Début février 2019, une synthèse de l’étude « Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 » a été publiée.
Cette synthèse reprend des indicateurs résumés pour 34 localisations cancéreuses et 16 sous-localisations, et quelques résultats plus détaillés pour 5 tumeurs solides (poumon, sein, colon-rectum, prostate et col de l’utérus) ainsi que pour certaines hémopathies malignes.
Un rapport préliminaire présentant les résultats complets pour les cinq tumeurs solides citées ci-dessus et leurs sous-localisations paraitra très prochainement. L’intégralité des indicateurs détaillés pour l’ensemble des 74 localisations ou sous-localisations étudiées dans l’étude paraîtra en juin 2019.
« Cette étude présente beaucoup plus de résultats que les précédentes éditions, grâce à une nouvelle méthodologie qui a permis pour la première fois en France d’enrichir la publication de tendances par sous-localisations topographiques ou histologiques et de restituer avec précision les tendances par âge » indique Nadine Bossard, PH, Service de biostatistique-bioinformatique des HCL.
En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancers toutes localisations cancéreuses confondues en France métropolitaine est estimé à 382 000 (204 600 chez l’homme et 177 400 chez la femme). Le nombre de décès par cancer est estimé à près de 157 400 (89 600 chez l’homme et 67 800 chez la femme).
Chez l’homme, l’évolution du taux d’incidence « Tous cancers » (taux standardisé sur la population mondiale) a été marquée par une augmentation jusqu’en 2005, suivie d’une inversion de tendance sur la période 2010-2018. Cette tendance est liée à l’évolution particulière et prononcée de l’incidence du cancer de la prostate. Une estimation « Tous Cancers Hors prostate » indique une incidence stable chez l’homme sur l’ensemble de la période 1990-2018.
Chez la femme, le constat est différent avec une progression du taux d’incidence « Tous cancers » au cours de la période 1990-2018 – et un ralentissement de cette augmentation sur la période récente 2010-2018. Si on considère l’ensemble « Tous Cancers Hors sein », l’augmentation du taux d’incidence est régulière tout au long de période.
Les taux de mortalité « Tous cancers » ont diminué entre 1990 et 2018, plus fortement chez l’homme que chez la femme.
Les indicateurs « tous cancers » portent sur un ensemble très hétérogène de localisations cancéreuses et masquent des évolutions d’incidence et de mortalité contrastées selon les différentes localisations étudiées.
Les résultats en ligne : https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Synthese-Estimations-nationales-de-l-incidence-et-de-la-mortalite-par-cancer-en-France-metropolitaine-entre-1990-et-2018
Décrire pour agir
L’épidémiologie descriptive fournit les indicateurs indispensables à la surveillance épidémiologique des cancers (incidence, mortalité, prévalence au niveau de la population, survie des patients). Les estimations produites répondent aux besoins des agences régionales de santé ainsi qu’aux hôpitaux et cliniciens.
L’enjeu est d’adapter l’offre de soins à la réalité des territoires et plus largement d’enrichir les connaissances épidémiologiques. Ces dernières constituent en effet un maillon essentiel pour identifier les priorités de santé publique, que ce soit en terme de recherche étiologique ou thérapeutique, et définir les actions de prévention.